
L'Étoffe du diable
Les rayures ont connu une interprétation symbolique très différente au cours des siècles. Leur perception étant une construction culturelle, elle a fortement évolué au gré des époques. À l’image du titre de cette étude, les rayures ont, durant toute la période médiévale, été appréhendées comme « l’étoffe du diable ». Elles étaient alors une marque d’exclusion et étaient portées essentiellement par les félons, les cruels, les bouffons ou les infirmes. Les rayures incarnaient le trouble, le désordre. Une évolution a lieu au cours de l’époque moderne, il s’instaure progressivement un nouvel ordre de la rayure. Elle prend des formes et des significations nouvelles. Ainsi, toutes les rayures ne sont plus péjoratives. Mais le véritable changement a lieu au XVIIIe siècle, avec les révolutions américaines et françaises, où elles peuvent être perçues comme un attachement à l’idée de liberté. Au XIXe siècle, elles seront davantage rattachées à l’idée d’hygiène, effectuant une transition avec le blanc qui, jusqu’alors, symbolisait cette notion. Progressivement, les rayures prennent une dimension positive représentant le loisir et le plaisir. Toutefois, elles n’ont pas totalement perdu leur symbolique négative. On peut prendre pour exemple leur signalisation dans le code de la route (barrière de passage à niveau, de douanes, etc.) mais également la perception du prisonnier dans notre imaginaire (une pensée pour les Dalton).
Génial et passionnant !
AMAURY – LIBRAIRIE GARIN