Glaise

Magistral… Ce roman ressuscite les travaux, les jours, les “vies minuscules” au temps de la première guerre. Peu de livres à mon avis illustrent si fidèlement, si sincèrement la dureté et la grandeur de la vie sur ces terres sombres, ces terres coupée de tout et qui puent la mort. L’écriture de Franck Bouysse (comme ultime dignité des humbles, des taiseux) relève d’une éthique proche des plus grands, d’une conception de la littérature qu’un Michon, un Millet ne sauraient renier. Et j’ajouterai enfin que cette lumineuse leçon de ténèbres est une façon de nous rappeler combien écrire consiste à faire parler les morts, à remuer l’ombre et les échos enfouis de ceux que la terre a porté, et qui, finalement, nous ressemblent…